Les Gonsolin
Une Dynastie Notaire à Pellafol
 
 
Article de Gérald ROUX,
résumé de celui publié dans Laïre de juin 2005.

 

Je vous propose de découvrir une des familles de notables de Pellafol . Entre 1550 et la Révolution, au moins 6 générations de notaires se sont succédé aux Chaneaux, commune de Pellafol, le 6ème « délocalisant » le cabinet à Corps, et son fils poursuivant à la 7ème génération le métier de notaire, à Corps au début du 19ème siècle. Il y a, à cette époque d’innombrables notaires. Ils sont les greffiers, les écrivains publics, au service d’un Seigneur par exemple. Les notaires sont qualifiés d’impériaux dans le Beaumont du temps de l’empire germanique, puis de royaux lorsqu’ils reçoivent leur office du roi.

Il est assez remarquable de noter que dans ce petit hameau sur la plaine de Pellafol ,on retrouve toujours des descendants des GONSOLIN, depuis prés de 500 ans .

En effet, j’ai pu visiter en 2005, une petite pièce voûtée chez Roger Bard, que l’on appelle « le cabinet du notaire » par tradition familiale. C’est le beau-père de Roger, qui ne descend pas des GONSOLIN, qui a racheté cette maison en 1905. En épousant Aimée, Roger a alors rejoint sans le savoir la maison de ses ancêtres GONSOLIN....

Nouvelle église de Pellafol

Ethymologie

 

L’origine du nom nous est donnée par Jean GUEYDAN : Le patronyme GONSOLIN et les noms des villages Goncelin et Guinzeling viennent du prénom germanique Guncelin qui a donné Jousselin (et Jocelyne).

L’origine germanique de nombreux nom dans le Beaumont semble lié à la reconquête de ce territoire sur les sarrasins vers 972-973, par Guillaume « le libérateur » qui remercia ses troupes ,d’origine germanique en leur confiant des terres libres , dans le territoire libéré.

GONSOLIN s'écrit avec un seul "l", et "ll" est une faute d'orthographe; mais déterminer s'il convient d'écrire "s" ou "ss" est beaucoup plus délicat puisque, neuf fois sur dix:
-tous les notaires GONSSOLIN, dans les actes par eux rédigés, écrivaient leur propre nom ou le nom de leurs parents avec "ss",
-tous les GONSSOLIN sachant signer, signaient aussi bien les actes notariés que les registres paroissiaux avec "ss",
-mais tous les curés qui remplissaient ces registres paroissiaux à Corps ou à Pellafol se contentaient d'un seul "s", tant et si bien qu'en 1793 les registres d'état-civil ont maintenu l'orthographe fautive des registres paroissiaux dont ils ont pris la suite et ont fait perdre aux GONSSOLIN leur deuxième "s".

Génération 1

Dans un acte de maître DOS, un autre notaire, Cyril ROYER a trouvé la trace d’un Jean Pierre I GONSOLIN qui voit le jour vers 1550. Il est déjà notaire aux Chaneaux entre 1580 et 1610.

 

Génération 2

Louys GONSOLIN est son fils et voit le jour avant 1594.Il épouse Marguerite ROCHAS (ou ROIZON ?). Ce couple aura au moins 4 enfants, dont Jean-Pierre II né vers 1640 qui suit et Jean né en 1643 qui sera curé de St Maurice en Valgaudemard, puis curé de la croix de la Pigne.

 

Génération 3

 

Jean-Pierre II GONSOLIN voit le jour vers 1640 et décède le jeudi 17 avril 1681. Jean-Pierre sera le troisième notaire.

Il épouse le 30 janvier 1661 à Pellafol, Anne BRUNET, dite La Cadette, la fille de François BRUNET et de Marie ROLLAND. Ces Brunet sont également une lignée de notaires royaux et châtelains héréditaires des Diguières (commune du Glaizil, Hautes-Alpes).

A Pellafol, en 1681, Jean-Pierre est Châtelain Seigneurial de Pellafol. C’est donc une famille déjà solidement établie : le châtelain seigneurial, est en quelque sorte le gestionnaire du domaine du seigneur, car à cette époque le seigneur n’est rien d’autre qu’un propriétaire foncier. En 1681, le seigneur de Pellafol est une certaine Françoise de LIONNE, dame de Pellafol par achat en 1665.

Ce couple aura cinq enfants dont Pierre né en 1673 qui suit et Louis né en 1676 qui sera menuisier puis Hôte ( hôtelier à Corps) et décède le 5 mai 1722. Anne BRUNET décède le 20 octobre 1699.

 

Génération 4

 

Pierre GONSOLIN est le fils de Jean-Pierre II, notaire et d'Anne BRUNET dite La Cadette. Pierre sera notaire Royal entre 1699 et 1739, à Pellafol les Chaneaux. Concernant la charge de notaire , on voit qu’il y eu une vacance de la « dynastie » entre 1681 et 1699.

Il épouse Françoise GAGNAIRE. Ceci est encore un mariage prestigieux de la commune puisque ces GAGNAIRE sont aussi une lignée de notaire royaux et châtelains de Monestier d’Ambel. On remarque même que le grand-père de Françoise, comme son père, ont été aussi à certaines périodes notaires installés à la Posterle. Ceci veut dire qu’il y avait au moins 2 notaires dans les 3 paroisses de Pellafol entre 1625 et 1683. Ce couple aura 10 enfants dont j’ai trouvé des descendants dans 4 cas : ce sont les 4 branches décrites ci dessous.

  • Anne est née le jeudi 29 janvier 1699 à Pellafol les Chaneaux, baptisée le 1 février 1699, et décède le 12 octobre 1765. Elle épouse Jacques VIAL. Remy GRISE (1814-1888), un instituteur né à la Posterle, ayant épousé une descendante, nous retrouvons plusieurs descendants encore dans la commune.

  • Jean-Pierre III né le 2 mai 1701, qui suit,

  • Jean Louis né en mars 1704, c'est mon ancêtre. Il traverse la Souloise en épousant le jeudi 22 mars 1731 à Monestier d'Ambel Marie BLANCHARD. Ce couple aura deux enfants dont sont issus plusieurs dizaines de descendants, ayant encore des représentants à Pellafol, comme les GARNIER et les CELSE.

  • François ( 28/8/1718 - 6/2/1777 ) habite d’abord aux Chaneaux (1744). Il épouse en premières noces , le 10 avril 1747 à Corps, Dimanche LAGIER, puis en seconde noce le jeudi 7 janvier 1751 , Marguerite GROS, la fille d'André Gros et de Marie JUVENIS. François sera Maître serrurier. Il habite ensuite à Corps, où en 1758, il est chargé d'entretenir l'horloge du clocher. Ce couple aura trois enfants dont une fille Rose Marguerite née en 1765 , qui épouse un cultivateur : Jean-Jacques GRISE. C’est un exemple de mixité sociale : un des garçons GONSOLIN fait généralement un mariage avec une fille de notaire & châtelain des environs et il héritera de la charge de son père. Ses frères et sœurs se marient localement avec les agriculteurs. On trouve encore plusieurs descendants de ce couple à Pellafol.

Pierre Gonsolin est décédé le lundi 3 août 1739, à Pellafol les Chaneaux, et sa femme Françoise Gagnaire meurt le 11 mars 1746.

Les Chanaux

Génération 5 : les descendants des Dauphins

 

Jean-Pierre III GONSOLIN (2/5/1701 - 9/5/1766) poursuit la dynastie des notaires.

Jean-Pierre III obtient une lettre de provision du 9 février 1740 , lui confirmant son office. Il sera notaire donc aux Chaneaux jusqu’à sa mort en 1766.

Il épouse le mardi 27 juillet 1734 à Aubessagne (Chauffayer) Anne MEYER, la fille de Vincent MEYER et de Marie MARTIN. Cette Anne MEYER, fille d’un bourgeois et greffier d’Aubessagne, fait de tous ses descendants, comme elle, des descendants des Dauphins et des Ducs de Savoie. C’est ainsi que nous nous honorons de connaître à Pellafol , plusieurs descendants des Dauphins et des Ducs de Savoie.

Il est le parrain de la cloche de la confrérie des pénitents de Pellafol le 21 décembre 1740. Sa femme Anne en est la marraine.

Il meurt le 9 mai 1766 et est inhumé le 10 mai, dans l'église de Pellafol. Il faut comprendre qu’il s’agit de l’Eglise du vieux-Pellafol , « tombée dans la ruine » comme on dit à Pellafol, c’est à dire écroulée avec la falaise qui existait bien avant le lac. L’église n’a plus servi au culte après 1801 , et le dernier mur est tombé dans la ruine, en 1914. Paix à l’âme de Jean-Pierre III GONSOLIN, notre ancêtre, entraîné dans « la ruine », s’il n’avait pas déjà rejoint le Paradis. Ce couple aura dix enfants. La descendance que j’ai identifié à Pellafol vient de Jean-Vincent :

  • Jean Vincent dit Vincent ( 3/7/1741 -8/10/1820) épouse le lundi 11 février 1771 à Pellafol , Jeanne GAUTHIER. Ils ont 2 enfants Marie et Jean. Malheureusement ,un des incendies assez courant à l’époque ravage les Payas et 16 maisons le 11 avril 1781. Son épouse Jeanne et sa fille Marie ,âgée de 10 ans périssent dans l’incendie. Jean Vincent se remarie le 31 mai 1785 à Corps avec Marie Rose BARBE-RICHAUD. C’est de ce couple que j’ai identifié de nombreux descendants à Pellafol..

  • Louis, 6ème notaire de la famille, qui suit

Anne MEYER meurt à Pellafol le 27 janvier 1780, accompagnée par la confrérie des pénitents : " ... à sa sépulture ont assisté la confrérie des pénitents ...".

 

Génération 6 :  le premier Maire élu à Corps

 

Louis GONSOLIN, le 4ème enfant de Jean-Pierre III est né le 15 juillet 1744 : il poursuivra la branche des notaires en reprenant la charge de son père en 1766. Louis GONSOLIN reste aux Chaneaux de 1766 à 1770, puis de 1770 à 1809 il sera notaire à Corps. C’est une première délocalisation de l’époque de l’autre côté du Drac pour le cabinet de notaire. En 1787, Louis sera châtelain seigneurial de Monestier d’Ambel.

C’est classique, il épouse à Serre le 8 août 1769 Anne Marie ACHARD, la fille de Jean-Joseph ACHARD, notaire, châtelain et juge de Serres. Elle est la sœur de François-Auguste ACHARD (1764-1831), notaire,maire de Serres et conseiller général des Hautes-Alpes entre 1816 et 1831. Elle est également la sœur d’Alexandre ACHARD de GERMANE (1754-1826), avocat au parlement de Grenoble, émigré après la Révolution en devenant le secrétaire particulier et conseiller du Comte de Provence. Il fut nommé par la suite Procureur général de la cour de Grenoble par Louis XVIII.

Le 1er février 1790, Louis est le premier Maire élu de Corps, avec 86 voix sur 130 votants. C’est lui qui présidera l’assemblée qui en juin 1791, demande au Directeur du département de supprimer le canton de Cordéac et de réunir au canton de Corps : Beaufin, Ambel, Monestier d’Ambel et Pellafol. Mais Pellafol devra attendre 1950 avant de quitter le Trièves, pour rejoindre le Beaumont et le canton de Corps. Louis sera encore en octobre 1791, sur le terrain pour partager la montagne entre Corps (Isère) et Aspres (Hautes-Alpes) qui a fait sécession, il sera Maire jusqu’au 13 Novembre 1791. Il reste actif, on le voit encore conseiller municipal le 9 janvier 1795. Il fait sans aucun doute partie de ces notables votant avec pragmatisme, à chaque fois des résolutions pour le pouvoir fort du moment  et évitant à leurs citoyens des massacres : ceux des guerres de religions avaient suffit.

Entre décembre 1810 et Août 1813 Louis est nommé maire de Corps par Napoléon. Louis sera encore nommé maire, en prêtant fidélité au roi, après les 100 jours, le 15 juillet 1815. Je n’ai pas retrouvé la fin de son mandat et ni son décès.

 

Génération 7

 

En 1809, c’est son fils Victor-Alexandre qui remplace son père et devient le 7ème notaire GONSOLIN de cette histoire. Il exerce jusque 1840. Il sera le dernier notaire GONSOLIN de Corps qui sera encore nommé Maire de Corps le 1er janvier 1826 jusqu’à décembre 1831. Je n’ai pas encore fait le lien avec les familles GONSOLIN qui habitent à Corps aujourd’hui.

 

Sources

 

  • Jean GUEYDAN, auteur d'une généalogie de la famille GONSOLIN et de nombreux ouvrages ( « Les Paroisses du Beaumont... », « Les seigneurs du Beaumont... », « Histoire sociale et démographique du bourg de Corps »... )

  • Pierre ODDOS, auteur de relevés d'actes systématique de Pellafol

  • Cyril ROYER, auteur de la généalogie de Anne MEYER en étudiant ses propres ancêtres les GRAS.

  • Henri DURAND « Notes sur l'histoire de Corps »

  • Georges DIOQUE « Dictionnaire Biographique des Hautes-Alpes » pour les informations sur les ACHARD de Serres.

  • Enfin avec des échanges de fichiers par internet avec divers passionnés et lointains cousins, on fait vite des découvertes impensables avant 1990, ou qui demandaient des vies entières de recherches et laborieuses mise en fiches.

 

Cyril Royer et moi-même descendons de ces GONSOLIN et voici donc les noms de nos cousins descendants de Jean-Pierre GONSOLIN ( le numéro I né vers 1550 ) que j’ai identifié : BARBE, BARD, CELSE, COTTE, DECIZE, GARNIER, GRISE, MEYSENC, ODEZENNE, SATRE, SAVOYE, et certainement aussi de nombreuses autres familles de Pellafol. En tout j’ai identifié 538 descendants : il y a 15 générations entre Jean-Pierre Gonsolin et le plus jeune de nos cousins.

Passez si vous le désirez au musée du Patrimoine de Pellafol , si vous voulez consulter un arbre descendant de Jean-Pierre Gonsolin , que j’ai limité à 1900 ,( pour ne pas dévoiler l’âge de toutes nos coquettes cousines ) avec 10 générations et 252 descendants.

 

Gérald ROUX