Les Provençaux s'attaquèrent d'abord
aux Baronnies; les châteaux de Saint-André de Rosans
et du Châtelet, qui appartenaient au prieur de
Saint-André, furent emportés d'assaut, pillés
& rasés. Les troupes contournèrent alors Serres
et se dirigèrent vers Gap. Une partie des Provençaux
s'empara au passage de Veynes, soumise au pillage et à la
destruction des murailles. Une autre partie réussie
à pénétrer en Trièves, en chassant les
Dauphinois qui en gardaient l'entrée.
Les
Provençaux ne s'attardaient pas dans de longs sièges
inutiles, il évitèrent Gap et se préparaient
à remonter la vallée de la Durance, pour envahir
l'Embrunais & le Briançonnais. Rien n'était
prêt pour la défense de ces baillages, Artaud
d'ARCES, bailli du Gapençais, de l'Embrunais, & du
Briançonnais, comprit qu'il n'était pas en mesure de
résister, et demanda, avec Guy de MORGES, lieutenant du
gouverneur du Dauphiné, à conclure un traité
particulier avec les Provençaux.
A
l'automne 1368, Foulque d'AGOULT accepta cette offre, l'Embrunais,
le Briançonnais & le Champsaur furent ainsi
épargnés moyennant une rançon de 6000 florins
d'or. Cette somme considérable n'ayant pu être
versée immédiatement, les Dauphinois durent donner
des otages, ce furent :
Georges ATHENULPHI, seigneur de
Prunières
Pierre BONNABEL, consul d'Embrun & coseigneur
de Châteauroux
Raymond de LAYE, seigneur de Laye & du
Buissard
Guigues de SAVINES, seigneur de Savines
Raymond de VEYNES, coseigneur de Veynes
L'Hiver
Un traité semblable eu lieu pour le Royans.
La guerre se trouva donc circonscrite dans les Baronnies & le
Gapençais, mais fut interrompue pendant l'hiver. Pendant
cette trêve les villes du Haut-Dauphiné ne
restèrent pas inactives et commencèrent des travaux
sur leurs fortifications.
Ainsi
à Embrun, l'archevêque Pierre AMEILH,
prétendait que le terrain sur lequel les consuls voulaient
élever de nouvelles murailles lui appartenait. Fort de
l'approbation du gouverneur du Dauphiné le 4 avril 1369,
les consuls ne tinrent aucun compte des prétentions de
l'archevêque. Celui-ci les excommunia, mais les consuls
continuèrent les travaux et engagèrent des
mercenaires pour renforcer leur garnison.
La Guerre de 1369 en Champsaur &
Embrunais
Au printemps 1369, la rançon n'ayant
toujours pas été payée, les Provençaux
reprirent les armes, en s'attachant à piller le Champsaur
et l'Embrunais, contrées précédemment
épargnées. Deux jours après la fête de
Pâques 1369, ils s'avancèrent sur les terres des
otages livrés :
Le
jeudi 3 avril 1369, ils attaquèrent le château de
Laye, le ruinèrent et en pillèrent le mobilier,
évalué à 350 florins d'or, puis firent une
razzia dans le Haut-Champsaur et forcèrent Etienne de ROUX,
seigneur de Prégentil, à se racheter pour 250
florins, brûlèrent une belle ferme de Guigues de
SAVINE & de Jean de MONTORCIER, que ces deux seigneurs avaient
acquise trois ans auparavant ( pertes évaluées
à 1200 florins ), tuèrent un homme, en saisirent
plusieurs à Chabottes, Saint-Laurent du Cros, la Rochette
et la Fare, auxquels ils ne rendirent la liberté qu'en
échange de bonnes rançons, s'emparèrent de
beaucoup de bestiaux et pillèrent le Champsaur entre Gap
& St-Bonnet.
Aperçu du Haut-Champsaur avec
à gauche le col Bayard
Dans la
vallée de la Durance, ils n'eurent pas le champ aussi
libre; ils pillèrent & rasèrent les
châteaux de Savines & de Prunières, appartenant
aux otages Guigues de SAVINES & Georges ATHENULPHI.,
rançonnèrent la communauté des Crottes,
incendièrent Saint-André d'Embrun, mais ne purent
prendre Embrun, défaits devant les garnisons
renforcés de la ville. Les Provençaux prient et
pillèrent alors Guillestre.
Pendant
ces événements, les malheureux otages du
sénéchal subirent mille outrages : on les confina
dans une dure prison, et non seulement on détruisit leurs
châteaux et on ruina leurs terres, mais on ne leur rendit la
liberté qu'après le paiement d'une rançon de
1000 florins d'or.
La Paix
Tous ces événements se
passèrent entre le3 et le 13 avril 1369 : les
Provençaux ayant réussi à chasser Louis
d'ANJOU, un traité de paix fut signé entre le
gouverneur du Dauphiné & le sénéchal de
Provence.
Un
traité particuliers fut signé le 28 avril, par
l'entremise d'Amiel d'AGOULT, seigneur de Claret, et de Rodolphe
de COMMIERS, entre le Louis de TRIANS, vicomte de Tallard, qui
avait pris fait & cause pour la Provence, et Jacques ARTAUD,
évêque de Gap, qui avait pris fait & cause pour
le Dauphiné. Les pertes subies par le Dauphiné par
cette guerre furent évaluées officiellement à
plus de 200 000 florins.
La
reine Jeanne ratifia l'accord de paix le 26 juin 1369 et le roi de
France en septembre 1369.
Sources
Emile
AUGIER, Arnaud de TRIANS & son temps, 2000
Ulysse
CHEVALIER, Choix de documents historiques inédits sur le
Dauphiné , 1874
Joseph
ROMAN, Expédition des Provençaux en Dauphiné,
1889
Christine ROUX, Histoire de Veynes, 1996