La Pucelle, le Roi & l'Évêque de Troyes

 

 

Le 10 juillet 1429, Charles VII, en chemin vers Reims pour se faire sacrer roi de France, entre pacifiquement dans Troyes. La ville lui a ouvert ses portes, malgré la présence d'une garnison bourguignonne, après plusieurs jours de négociations entre partisans de Charles VII et partisans du parti Bourguignon. Ce ralliement, à première vue insignifiant, sera imité par les villes de Châlons et de Reims, permettant ainsi un sacre en évitant toute attaque contre des cités françaises. La légitimité de Charles VII, renforcée grâce à son sacre, sera également confortée grâce à son entrée pacifique dans ces villes de Champagne.

 

Contexte historique

Troyes, une des anciennes capitales du comté de Champagne, a connue une prospérité croissante du XIème au XIIIème siècle, notamment grâce aux foires de Champagne. A Troyes, deux foires sont organisées, celle de la Saint-Jean, le 24 juin, et celle de la Saint-Rémi, le 1er octobre, chacune durant quinze jours. Les marchands originaires de Flandre ou d'Italie voyagent en toute sécurité dans une contrée pacifiée, allant même jusqu'à être protégé en dehors des domaines des comtes grâce aux « conduits des foires ». Les guerres franco-flamandes à la fin du XIIIème entament le déclin des foires, qui subsisteront encore quelques années1. Le souvenir de ses foires restera gravé, d'autant que plusieurs familles italiennes ou flamandes se sont fixées à Troyes2. 

Entre-temps, les comtes, devenus rois de Navarre3, s'éteignirent et la Champagne fut réunie au royaume de France par le mariage en 1284 de l'héritière Jeanne de NAVARRE avec le roi Philippe le Bel. La guerre de Cent-Ans débuta quelques années plus tard, plongeant la région dans une insécurité quasi permanente. Les fortifications sont renforcées, les impôts et les rançons sont payées, mais la population est ruinée : en 1371 seulement 300 familles troyennes sont solvables pour le règlement des impôts. Dix ans plus tard une émeute du petit peuple perturba la cité plusieurs mois.

Proche de la puissante Bourgogne, les Troyens sont plutôt partisan des Bourguignons contre les Armagnacs4 (partisan du Dauphin Charles opposé à son père). La reine Isabeau de BAVIÈRE et l'administration royale s'installent régulièrement à Troyes de 1417 à 1420, fuyant la capitale en proie aux troubles. L'assassinat du duc de Bourgogne Jean sans Peur par des Armagnacs, fait basculer les Bourguignons dans le camp anglais. Le roi Charles VI désavoue son fils, déclaré indigne de succession, et annonce le mariage de sa fille Catherine avec le roi anglais Henri V. Le mariage est célébré en l'église Saint-Jean du Marché de Troyes le 2 juin 1420 et le traité de Troyes désigne Henri V comme héritier et régent du royaume de France.

Les rois Henri V & Charles VI disparaissent successivement en 1422. L'héritier des trônes est un nourrisson de dix mois, Henri VI. Prétextant l’incapacité mentale de son défunt père5, l'ancien dauphin Charles VII se déclare roi à Bourges le 30 octobre 1422. S’alliant aux écossais, la guerre continue plusieurs années sans qu’aucune bataille ne fasse évoluer la situation générale.

Portrait de Charles VII
Tableau de Jean FOUQUET - Musée du Louvre

Les habitants de Troyes restent divisés devant cette situation. Les Bourguignons dominent la cité; certains Armagnacs, comme François de LA GARMOISE ont déjà quitté la ville, d'autres, au sein du chapitre de Troyes, élirent en juin 1426 le jeune chanoine Jean LESGUISÉ nouvel évêque de Troyes, contre l'avis du régent d'Angleterre. Le doyen du chapitre Jean POUGEOISE, obtint le soutient du Pape Martin V qui approuva en août le choix du Chapitre. Jean LESGUISÉ, soutenu par une partie de la population, multipliera les réclamations contre le gouvernement anglo-bourguignon et les Armagnacs absents rentreront progressivement dans la cité, toujours dirigée par des officiers dévoués aux Bourguignons.

Aux confins de la Champagne, dans le village de Domrémy, une jeune pucelle pieuse entend des voix, qui lui demandent de faire lever le siège d'Orléans et de conduire le dauphin à Reims pour l'y faire sacrer. Après quelques doutes, Jeanne DARC6 demande à être enrôlée dans les troupes du Dauphin. Après plusieurs refus, le capitaine Robert de BAUDRICOURT lui donne une escorte et une lettre pour le Dauphin. Jeanne DARC quitte Vaucouleurs le 13 février 1429 pour retrouver le roi à Chinon. Après interrogatoires et enquêtes, elle obtint la confiance de Charles VII qui la charge de lever le siège d'Orléans. Sa foi et son enthousiasme redonnent confiance à la population et aux soldats français, contraignant les anglais à lever le siège dans la nuit du 7 au 8 mai.

Siège d'Orléans
enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII de Martial d'Auvergne, XVème siècle

La pucelle & le roi à Troyes

Fin juin, après la levée du siège d'Orléans et quelques batailles dans les environs, Charles VII réunit à Gien toutes ses forces. Après plusieurs conseils, le voyage de Reims fut décidé. L'armée, forte de 6 à 12 000 hommes, se mit en route. Auxerre fut contournée; les habitants livrèrent l'armée en vivres pour conserver leur neutralité. Le 4 juillet, l'armée royale s'installe devant Saint-Phal. Jeanne DARC écrivit aux habitants de Troyes :

Aux Seigneurs bourgeois de la cité de Troyes

Jesus + Maria

Très chers et bons amys, sil ne tient à vous, seigneurs, bourgeois et habitans de la ville de Troyes, Jehanne la pucelle vous mande et fait scavoir de par le Roi du Ciel son droitturier et souverain Seigneur, duquel elle est chacun jour en son service royal, que vous fassiès vraye obéissance et recognoissance au gentil roy de France, quy sera bien bref à Reims et à Paris, quy que vienne contre, et en ses bonnes villes du sainct royaume, à l'aide du roy Jésus. Loyaulx François, venès audevant du roy Charles, et quil ny ailt point de faulte, et ne vous doubtés de vis corps ne de vos biens, sy ainsy les faictes; et sy ainsy ne le faictes, je vous promets et certifie sur vos vie que nous entrerons, à layde de Dieu, en toultes les villes quy doilvrent estre du sainct royaume et y ferons bonne paix fermes, quy que vienne contre. A Dieu vous commant; Dieu soit garde de vous, sil luy plaist. Response brief, devant le cité de Troyes. Escrit à St-Fale, le mardy quatriesme juillet.

Croquis de Jeanne d'Arc réalisé de son vivant
extrait d'un registre du Parlement de Paris tenu par Clément de FAUQUENBERGUE

Les habitants de Troyes, « décidés à se défendre jusqu'à la mort », en envoyèrent une copie à ceux de Reims et de Châlons, les priant d'avertir le duc de Bourgogne de venir à leur secours. L'armée de Charles VII est arrivée aux portes de la ville le 5 juillet à 9 heures du matin, campa au sud-ouest de la ville près du faubourg de Croncels. Le roi somma la ville de lui ouvrir ses portes, le conseil de ville lui refusa et quelques petits affrontements eurent lieu.

Après quelques jours d'indécision, le Roi réunit son conseil. De l'avis général, l'armée ne peut continuer le siège de la ville, faute de vivres et la cité de Troyes, bien armée, possède de bonnes murailles et beaucoup de vivres. Jeanne la Pucelle intervint « Ceste cité est vostre. Et si vous voulez demeurer devant, deux ou trois jours, elle sera en votre obeyssance ou par amour ou par force, et n'en faites aulcun doubte ». Le conseil se tint à son avis provisoirement, et la Pucelle fit préparer les quelques bombardes et canons en position devant la cité. 

Les habitants de Troyes observaient les préparatifs au devant de leur rempart. La cité était en fait divisée, la garnison et les officiers sont partisans du combat, tandis que l'évêque et le chapitre encouragent la population et la bourgeoisie à reconnaître Charles comme leur souverain légitime. L'évêque Jean LESGUISÉ rencontre ses deux anciens amis, Gérard MACHET, confesseur de Charles VII, et frère Richard, aumônier de Jeanne DARC, qui ont pu pénétrer dans la ville. Les premières négociations sont peut-être déjà engagées.

En tout cas un grand nombre d'habitants de Troyes allèrent trouver les sires de Rochefort et de Plancy, qui gouvernaient la ville, les menaçant de remettre la ville aux mains du roi s'ils refusaient de « tenir et éxecuter le traité qu'ils avaient fait pour le bien public ». Les closes de ce traité ne sont pas connues, mais les chefs bourguignons refusèrent de l'appliquer. Une délégation d'habitant, dirigée par Jean LESGUISÉ, se rendit alors le 9 juillet au camp du roi pour écouter ses remontrances.

Celui-ci leur précisa les motifs de son voyage pour se faire sacrer à Reims, étant unique héritier légitime depuis la mort de son père, et qu'il pardonnerait le passé sans aucune réserve et qu'il tiendrait les habitants de Troyes en paix et en franchise, ainsi que le roi Saint-Louis tenait son royaume. La délégation rentra dans la cité et dans une nombreuse assemblée, il fut décidé de rendre au roi « plénière obéissance, attendu son bon droit, qui est tel que chacun peult scavoir, moyennant qu'il leur feroit abolition générales de tous cas, qu'il ne leur laisserait aucune garnison, qu'il abolirait les aides, excepté la gabelle ». Le même jour, une nouvelle délégation exposa au roi la décision de ce conseil.

La capitulation des Troyens
enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII de Martial d'Auvergne, XVème siècle

Le roi accorda aux habitants deux lettres patentes, leur faisant savoir « que ses biens-aimés, les gens d'église, bourgeois et habitants de Troyes, ont solennellement et en toute révérence, envoyé, par devers lui, leur évêque, accompagné d'un bon nombre de notables, gens d'église et séculiers, qui l'ont reconnu, pour eux et par eux, leur seigneur souverain et naturel, et qu'en toute humilité ils lui ont rendu pleine obéissance, suppliant de mettre le passé en oubli, et de leur pardonner et abolir, en les recevant et recueillant en sa bonne grâce, comme ses vrais et loyaux sujets, qu'il désirent être perpétuellement ». Dans sa seconde lettre, le roi déclare les habitants de Troyes entièrement libres, sous réserve de lui faire serment d'être, à l'avenir, bons et loyaux sujets ou de quitter la ville en emportant leurs biens. Les titulaires d'offices et de bénéfices sont maintenus dans leur fonction, à condition de prendre de nouvelles lettres du roi; et les gens d'armes pourront quitter la ville en emportant leurs biens. Quelques libéralités supplémentaires sont accordées aux habitants de Troyes en les déchargeant de plusieurs impôts et favorisant leur commerce et leur industrie. Ces deux lettres sont « donné en notre ost (armée), lez nostre dicte ville de Troyes, le IXe jour de juillet, l'an de grâce mil CCCC vingt-neuf et de nostre règne le septiesme ».

 

 

Porte de Croncels (démolie en 1808)

 

La  garnison bourguignonne quitta la ville le dimanche 10 juillet au matin, Charles VII fit son entrée solennelle par la porte Croncels. Le cortège va suivre la messe en la cathédrale, encore inachevée, et la pucelle sera la marraine d'un enfant. Le lendemain, les officiers prononcent probablement leurs serments de fidélité. Le mardi 12 au matin, le roi & la pucelle entendent la messe en la cathédrale puis repartent aussitôt, « sans boire ni manger ». Troyes a été la première cité ayant ouvert ses portes librement au roi, donnant l'exemple à Châlons et à Reims. Ces deux cités ouvrirent leurs portes respectivement le 14 et le 16 juillet. Elles avaient été informées par les troyens de leur ralliement au roi, qui les encouragèrent à les imiter. Le roi fut sacré le 17 juillet, et sa légitimité en fut renforcée.

 

Le 2 octobre 1429, au cours une assemblée d’une soixantaine de notables troyens, « furent en ladite assemblée publiées unes lettres de Jehanne la Pucelle », écrite à Gien, le 22 septembre, « leur fait savoir de ses nouvelles, et qu’elle a esté bléciée devant Paris ». Quelques mois plus tard, Jeanne d’ARC est capturée par les Bourguignons au siège de Compiègne le 23 mai 1430. Rachetée par les anglais, son procès en hérésie est mené à Rouen, où elle sera brûlée vive le 30 mai 1431. Après encore plusieurs années de guerres et différentes trêves, les combats cessent en 1453 : l’Angleterre divisée s’achemine vers une guerre civile. La Guerre de Cent Ans prendra fin officiellement au traité de Picquigny en 1475.

 

Jehan LESGUISÉ, Évêque de Troyes & sa famille

 

Jehan LESGUISÉ est né à Troyes vers 1386. Élève à Paris au collège de Navarre, il obtint les grades de maître-ès-arts puis de bachelier en droit civil. Il reçoit enfin une licence en décret (droit canon) le 18 avril 1423, et devient alors lecteur, c'est à dire professeur, à la faculté de Decret de l'université de Paris de 1423 à 1426 où il enseignait le droit canonique. Clerc puis chanoine du chapitre de Saint-Pierre de Troyes, il fut élu LXXVème évêque de Troyes le 12 juin 1426. Resté fidèle à Charles VII il a largement contribué, avec le doyen POUGEOISE, le maître de l'Hôtel-Dieu-le-Comte Guillaume ANDOUILETTE, ainsi que celle de son frère Huet  LESGUISÉ et de son beau-frère Guillaume MOLÉ, à l'ouverture des portes de la ville au roi en route vers Reims. 

Le roi franco-anglais, Henri VI ordonna par lettres du 31 août 1429 au prévôt de Paris de faire vendre, sans aucun délai ni forme judiciaire, les biens que possédaient, à Paris, l'évêque et le maître de l'Hôtel-Dieu-le-Comte de Troyes et d'autres personnages, « qui se sont naguères mis hors de son obéissance et rendus en celles de son adversaire ». Jean LESGUISÉ fut anobli par lettres de Charles VII en mars 1430, enregistrées le 26 juin 14317, avec ses frères, sœurs, et toute leur postérité masculine et féminine, pour leurs contributions à l'ouverture des portes de la ville au roi. En 1441, Charles VII anobli également Jean BARETON, sa femme Marguerite LESGUISÉ, Isabeau LESGUISÉ, veuve de Jean POUGEOISE, et son fils Jean, toutes deux  sœurs de Jean LESGUISÉ.

Sceau de Jehan LESGUI

le vieux Troyes : la rue des Chats

L’évêque s’efforça de ramener l’ordre dans le clergé et dans le culte. Il rendit une ordonnance le 10 novembre 1429 contre « plusieurs fidèles, et surtout les barbiers de Troyes », afin qu’ils célèbrent certaines fêtes, les dimanches et autres solennités, sauf si « quelque seigneur, de passage à Troyes, voulait entrer dans leur boutique et y défriser ses cheveux ou sa barbe», dans ce cas la moitié du gain devrait être reversée à une bourse commune pour la messe de la communauté. Il dédia la cathédrale Saint-Pierre de Troyes le dimanche 9 juillet 1430.

Jehan LESGUISE a laissé des statuts synodaux à son évêché, avec par exemple les dispositions suivantes :

  • Les fonts baptismaux, le chrême et les saintes huiles seront mis sous clefs, afin d’éviter les sortilèges et l’influence des sorciers.

  • Deux ou trois parrains suffisent pour lever une enfant au baptême.

  • On peut marier un garçon à l’âge de 14 ans et une fille à l’âge de 12 ans.

  • Nul ne pouvait se marier, ailleurs qu’à la porte de l’église où était donnée la bénédiction nuptiale.

  • Nul prêtre ne peut donner la bénédiction nuptiale à ceux qui convolent en secondes noces

En 1444, l’évêque s’adressa au roi pour qu’il l’aide à faire cesser la fête des Innocents et la fête des Fous, durant lesquelles les enfants de chœur, diacre, sous-diacre ou vicaires élisent entre eux un évêque et un archevêque dans l’église « où ils entrent en dansant et en chantant. Toute cette folle bande mange, dans l’église jusque sur l’autel, et se livre à des jeux et des farces de la plus grande indécence ». Le roi ordonne dans une lettre du 17 avril au bailli de Troyes de prêter main forte à l’évêque et à « l’inquisiteur de la foi », pour empêcher dorénavant la représentation de la fête des fous.

Il continua à jouer un rôle politique important dans la cité, en assistant régulièrement aux séances du conseil de la ville de Troyes où ses proches étaient souvent élus. Le 29 décembre 1441, il se mit en route avec sept autres habitants de Troyes pour se rendre auprès du roi en Poitou. Cette ambassade devait présenter au roi les doléances des habitants de Troyes, chargés d’impôts supplémentaires avec les guerres dans la région. La rencontre a eu lieu à Bressuire (Deux-Sèvres), le résultat de cette démarche n’est pas connu. Au cours du voyage, près de Bressuire, les députés avaient été rançonnés de 60 livres tournois par des membres d’une compagnie militaire.

En 1445, suite à l’obtention par la ville de Lyon de trois foires franches de vingt jours chacune, Jehan LESGUISÉ et quinze notables troyens présentèrent leurs doléances à Charles VII à Châlons pour présenter « le préjudice que les provinces de Champagne et de Brie souffriraient de l’établissement de ces foires ». Le roi rétablit par lettres patentes de juin 1445 deux foires franches de dix jours en la ville de Troyes.

Jean LESGUISÉ est mort à Paris le 3 août 1450. Son corps fut ramené à Troyes, il fut inhumé sous une tombe de cuivre dans la chapelle Saint-Sauveur de la cathédrale Saint-Pierre. Son épitaphe, aujourd'hui disparu, avait été relevée :

Cy gist le corps de feu très prudent et très noble sieur monsieur
maistre Jehan Lesguisé, jadis évesque et né de Troyes, laquelle 
évesché, il gouverna honorablement par XXIV ans jusqu'au III aoust
MCCCCL, qui trespassa à Paris, dont le corps fut amené tout entier
cy-dessous inhumé

 

 

Cathédrale Saint-Pierre

Son père, Huet  LESGUISÉ dit le Grand-Huet, était marchand drapier, teinturier et élu conseiller de la ville8 de Troyes. Il habitait le faubourg de Croncels dit aussi quartier Saint-Esprit, dont il fut un des « commis aux affaires et ouvrages » de ce bourg en 1405. Il mourut durant son mandat de conseiller quelques jours avant le 28 janvier 14329. Il avait épousé Guillemette de LA GARMOISE, fille de Jean de LA GARMOISE, bourgeois de Troyes10, elle meurt peu après 1451, laissant : 

- Jean, évêque de Troyes en 1426-1450, anobli avec sa famille en mars 1430. 

- Guillaume, chanoine de Saint Etienne de Troyes, archidiacre de Brienne, + 16.1.1482

- Huet le jeune, mercier et conseiller de la ville de Troyes, mort avant 1473; également nommé dans la lettre d'anoblissement avec sa descendance « même par femelles »; époux de Guillemette LA PÉRRICARDE11, vivante en 1473, dont :

- Catherine x Jean HENNEQUIN, receveur du grenier à sel de Troyes

- Berthelemine x Guillaume de MARISY, orfèvre de Troyes

- Gilette x Colin FERET, marchand drapier de Paris

- … x Michel HENNEQUIN (?)

- Isabelle x Nicolas LE PELLETERAT, marchand bourgeois de Troyes

- Jacquette x François HENNEQUIN, grenetier d'Arcis sur Aube

- Nicolas, marchand bourgeois de Troyes, x demoiselle Jeanne de LAVAL, dame d’Aigremont, dont :

- Pierre, vivant 1520

- Jean, vivant 1520, seigneur d’Aigremont, semble avoir quitté l’Aube et fait souche dans les environs de Château-Thierry (Aisne).

- Guillemette x Antoine HUYARD

- Jeanne x Lyonnet LE CIRIER

- Jeanne12 +/1481 x 1 Guyot LE PELÉ; x 2 Guillaume MOLÉ, marchand drapier, dont postérité 

- (autre) Jeanne, + 1481/ x Jean de PLEURRE, dont postérité 

- Jacquette + 1481/1488 x Jean POUGEOISE, dont postérité

- Marguerite x Jehan BARETON, conseiller de la ville de Troyes.

- François, conseiller de la ville, envoyé en ambassade auprès du roi en 1430, + 1437/1442 x Perrette, morte avant 1451, dont :

- Huet, épicier, x Guillemette HUYARD, dont :

- Huet, sergent royal de Troyes de 1511 à 1534, x Hélène HAQUIN, dont :

- Bonnaventure x Paschal COUSIN

- Jeanne x Claude GAULARD

- Catherine x Joachin BOURGEOIS

- Guionne x Pantaléon PETITPIED

- Heleine x Claude GUERARD

- Claude x Claude de PAYNS

- François, vivant 1481

- Jean, chanoine de Saint-Etienne de Troyes, mort en 1495.

- Guillaume, marchand drapier de Troyes en 1477, marguillier de St-Loup vers 1460. Il épouse Marguerite DOREY dont il eut plusieurs enfants (peut-être Jacques et Perrette ci-dessous)

- Jeannette x1. J. LARGENTIER x2 Pierre SAVOIE

Non rattachés à Troyes

La famille LESGUISÉ (LEGUISE, LAYGUISEY…) s’est éteinte à la fin du XVIIIème. Quelques membres de la famille LESGUISÉ vivant au XV et XVIème n’ont pu être relié à cette généalogie :

    * Soucin LESGUISÉ, dépéché par la ville de Troyes auprès du duc de Bourgogne en 1419.

    * frère Josse LESGUISÉ de Troyes, 1432

    * Gilles LESGUISE, garde et chancelier des foires de Champagne en 1425(donné comme fils de Huet Ier par T. BOUTIOT). Il épouse Guillemette, fille de Richard de VILLIERS, bourgeois et procureur des habitants de Langres en 1378, décédé en 1433.

    * Jacques LESGUISE, marchand de Troyes, habitant la rue du Soufflet. Ecuyer, puis seigneur Villechétif dès 1543, +1460/. Il épouse Barbe CORRARD, morte avant 1556, dont :

        - Odard, écuyer, seigneur de Villechétif x avant 1559 Claude LEVESQUE, dont :

        - Marguerite x 19.6.1583 JB de LONGEVILLE

        - Jean, écuyer 1560

        - d’autres enfants mineurs en 1556

    * Perrette x Claude POUGEOISE, vivant vers 1510.

    * Françoise, veuve de Nicolas PONARD en 1558.

    * Guyonne x Pantaléon LARGENTIER, vivant en 1564

    * Marie x Odard MAUROY, vivant vers 1580

 

Des descendants de la famille quittèrent l’Aube au milieu du XVIème siècle pour se rapprocher de leur fief d’Aigremont près de Château-Thierry. La famille y a fait souche, lors de l’assemblée particulière de la noblesse du baillage de Châlons sur Marne en 1789, sont comparus par procuration Louis-Nicolas LESGUISÉ de DORMANS, seigneur d’Aigremont, ancien officier des mousquetaires gris, chevalier de Saint-Louis ; et son fils Louis-Marc-François, lieutenant au régiment provincial de Soissons, vraisemblablement dernier de sa famille.

 

Sources Principales

 

BIBOLET Françoise, ROUQUET Chantal, BOISSEAU André & SAINT-MARS Emmanuel, Histoire de Troyes, 1999

BIBOLET Françoise, Deux chanoines et un évêque à Troyes au XVème siècle..., in MSA Aube 2002

BOUTIOT Théophile, Histoire de la ville de Troyes, 4 volumes, 1872

CHALANDON Anne, Les bibliothèques des ecclésiastiques de Troyes du XIVe au XVIe siècle,

LALORE Charles, Collection des principaux obituaires et confraternités du diocèse de Troyes, 1882

LE CLERT Louis, Deux sceaux de l'évêque Jean L'EGUISE, in Annuaire de l'Aube 1887

ROSEROT Alphonse, Le plus ancien registre de délibérations du conseil de ville de Troyes, 1886

Généalogie de la famille LESGUISÉ constituée à partir du fichier CHANDON (AD de Troyes), du manuscrit Généalogie de la famille HENNEQUIN (ms 2601, BM de Troyes) et surtout des travaux de G. PELLET sur les LESGUISÉ, transmis par Denis BATAILLE, son neveu par alliance.

 

Notes

 

[1] Les foires rapidement furent abandonnées dès le début du XIVème siècle, mais le titre de Garde des foires de Champagne continua à être porté.

[2] Les HENNEQUIN seraient originaires de Flandres tandis que le JUVENAL (des URSINS) se prétendent originaires d’Italie.

[3] Le comte Thibaut IV de CHAMPAGNE succéda à son oncle maternel Sanche IV en 1234 sur le trône de Navarre.

[4] La guerre entre armagnacs et bourguignons débuta par l’assassinat du frère du roi Louis, duc d’Orléans, par le duc de Bourgogne Jean sans Peur en 1407. Le fils de Louis, Charles d’ORLEANS, soutenu par son beau-père Bernard d’ARMAGNAC entra en guerre contre le duc de Bourgogne. La reine Isabeau de BAVIÈRE s’allia à Jean sans Peur contre les armagnacs.

[5] Charles VI, incapable de gouverner, laissa sa femme Isabeau de BAVIÈRE diriger le conseil de régence.

[6] L’orthographe utilisée à l’époque a été ici conservée.

[7] AC Troyes, C169

[8] A cette époque, les conseillers élus étaient au nombre de 36 pour une période d’un an.

[9] « Huet Laguisé, naguières trespassé, en saon vivant maistre des euvres… ». Encore présent à l’assemblée du 20 décembre 1431, sa mort a dû survenir entre le 17 et le 28 janvier 1432, date à laquelle le conseil procède à la nomination de Jehan BARETON, son gendre, pour lui succéder dans ses tâches communautaires  (ROSEROT, op. cit. p.333).

[10] La filiation de Guillemette est établie grâce à un terrier de 1416 (AD Aube, 10G42). Son père, Jean de LA GARMOISE, était bourgeois de Troyes en 1365 (1E663) et avait épousé Catherine d'YPRES ( + 1.9.1377), fille de Jean d'YPRES, bourgeois et voyeur pour la ville de Troyes, et de Catherine de LA MARCHE. Ils eurent au moins quatre enfants : Droyn, Jehannotte et deux autres filles (dont Guillemette) , tous vivants en 1381.

[11] Fille de Nicolas dit Colin PERRICARD, notable bourgeois, conseiller de la ville, receveur des deniers communs en 1432, habitant le quartier de Croncels, anobli en 1433.

[12] Etrangement Jeanne LESGUISÉ, serait morte le 2 septembre 1514 (LALORE, op. cit., p. 50), elle aurait été plus que centenaire. Y aurait-il pu y avoir deux Jeanne LESGUISÉ ?? Le mystère reste à élucider.